Un soir de novembre où tout a basculé : Quand j’ai découvert que Paul aimait une autre

— Tu rentres tard, Paul. Encore une réunion ?

Ma voix tremblait à peine, mais je savais qu’il entendait la tension. Il a haussé les épaules, évitant mon regard, et s’est réfugié dans la salle de bains. La pluie martelait les vitres de notre appartement à Nantes, et j’ai senti un frisson me parcourir. Depuis des mois, quelque chose s’était brisé entre nous. Les silences s’allongeaient, les gestes tendres disparaissaient, et nos deux enfants, Camille et Théo, semblaient marcher sur des œufs.

Ce soir-là, alors que Paul prenait sa douche, son téléphone a vibré sur la table du salon. Un message s’est affiché : « Tu me manques déjà. » Le prénom : Sophie. Mon cœur s’est arrêté. J’ai hésité, puis j’ai ouvert la conversation. Les mots défilaient devant mes yeux : des promesses d’amour, des souvenirs partagés, des projets pour un week-end à La Baule…

Je me suis effondrée sur le canapé, incapable de respirer. Douze ans de mariage, deux enfants, des vacances en Bretagne, des disputes pour des broutilles… Tout cela balayé par quelques phrases échangées en cachette. Quand Paul est sorti de la salle de bains, il a vu mon visage ravagé.

— Qu’est-ce qui se passe ?

J’ai levé le téléphone vers lui. Il a pâli, puis il a détourné les yeux.

— Tu… tu as lu mes messages ?

— Comment as-tu pu ? ai-je murmuré. Comment as-tu pu me faire ça ?

Il n’a pas répondu tout de suite. Il s’est assis en face de moi, les mains tremblantes.

— Je suis désolé, Claire. Je ne voulais pas te blesser… Mais avec Sophie… c’est différent. Je me sens vivant.

J’ai cru que j’allais vomir. J’ai pensé à Camille qui dormait dans sa chambre rose, à Théo qui avait laissé traîner ses Lego dans le couloir. J’ai pensé à toutes ces années où j’avais cru que l’amour suffisait.

La nuit a été interminable. Paul a dormi sur le canapé. J’ai pleuré en silence dans notre lit vide. Le lendemain matin, il a préparé le petit-déjeuner comme si de rien n’était. J’ai vu dans ses gestes une gêne nouvelle, une distance insurmontable.

Les jours suivants ont été un supplice. Ma mère m’a appelée :

— Tu as l’air fatiguée, ma chérie. Tout va bien avec Paul ?

J’ai menti. J’ai dit que c’était le travail, les enfants… Mais au fond de moi, je savais que tout était fini.

Un soir, alors que je rangeais les courses dans la cuisine, Camille est venue me voir.

— Maman, pourquoi tu pleures tout le temps ?

Je me suis accroupie pour être à sa hauteur et je l’ai serrée contre moi.

— Parfois, les adultes sont tristes aussi, ma puce. Mais ce n’est pas ta faute.

Paul rentrait de plus en plus tard. Il passait ses week-ends « chez un ami ». Un dimanche matin, il m’a annoncé qu’il voulait partir quelques jours « pour réfléchir ».

— Réfléchir à quoi ? À comment nous détruire un peu plus ?

Il n’a rien répondu. Il a fait sa valise sous le regard muet des enfants et il est parti sans se retourner.

Les semaines suivantes ont été un cauchemar éveillé. Je devais continuer à travailler à la médiathèque municipale, sourire aux lecteurs alors que mon monde s’écroulait. Les collègues murmuraient dans mon dos :

— Tu as vu Claire ? Elle a l’air épuisée…

Ma mère est venue m’aider avec les enfants. Elle ne comprenait pas comment Paul avait pu faire ça.

— De mon temps, on ne quittait pas sa famille pour une aventure !

Mais ce n’était pas une aventure. C’était une histoire d’amour qui n’était plus la mienne.

Un soir de décembre, Paul est revenu pour parler.

— Je ne veux pas te faire souffrir davantage, Claire. Je crois que c’est fini entre nous.

J’ai senti la colère monter en moi.

— Tu crois ? Tu as déjà refait ta vie avec Sophie !

Il a baissé les yeux.

— Je suis désolé…

J’ai compris alors que je devais penser à moi. À mes enfants. À notre avenir sans lui.

Les fêtes de Noël ont été un supplice : les repas chez mes parents où tout le monde évitait le sujet, les cadeaux déballés dans un silence pesant… Camille a demandé :

— Papa va revenir ?

J’ai menti encore une fois.

En janvier, j’ai entamé une procédure de divorce. J’ai rencontré une avocate qui m’a expliqué mes droits, les démarches à suivre… J’avais l’impression d’être une étrangère dans ma propre vie.

Les mois ont passé. J’ai appris à vivre seule avec mes enfants. À gérer les crises de larmes de Théo qui réclamait son père, à rassurer Camille qui avait peur que je parte moi aussi.

Un soir d’avril, alors que je lisais un livre sur le canapé, Camille s’est blottie contre moi.

— Tu sais maman, même si papa n’est plus là tous les jours… je t’aime très fort.

J’ai pleuré en silence en la serrant contre moi.

Aujourd’hui encore, je me demande : pourrai-je un jour refaire confiance à quelqu’un ? Est-ce qu’on guérit vraiment d’une trahison pareille ? Et vous… avez-vous déjà ressenti cette solitude après une rupture ?