L’énigme de la nouvelle nounou : un dilemme familial

« Je ne comprends pas ce qui se passe, Pierre. Elle est parfaite avec les enfants, mais il y a quelque chose chez elle qui me met mal à l’aise. » Je me tenais dans la cuisine, les mains tremblantes, regardant mon mari avec une inquiétude que je ne pouvais plus contenir.

Pierre soupira, posant sa tasse de café sur la table avec un bruit sourd. « Marie, tu te fais peut-être des idées. Elle a l’air d’une personne bien. Les enfants l’adorent et elle fait un excellent travail. »

Je savais qu’il avait raison sur un point : les enfants l’adoraient. Sophie et Lucas ne cessaient de parler de leurs après-midis passés à jouer au parc ou à faire des gâteaux avec elle. Mais il y avait quelque chose dans son regard, une intensité qui me mettait mal à l’aise chaque fois qu’elle croisait le regard de Pierre.

Tout avait commencé il y a trois semaines, après le départ précipité de notre ancienne nounou, Claire, qui avait dû retourner dans sa famille en Bretagne pour des raisons personnelles. Nous étions désespérés et avions engagé Élodie presque immédiatement après une entrevue rapide.

Élodie était arrivée avec des recommandations impeccables et une attitude chaleureuse qui avait immédiatement séduit les enfants. Mais dès le premier jour, j’avais remarqué ses regards prolongés vers Pierre, ses sourires qui semblaient avoir une signification cachée.

Un soir, alors que je rentrais plus tôt du travail, je les avais surpris dans le salon. Élodie riait à une blague que Pierre venait de faire, mais c’était son rire qui m’avait frappée : trop fort, trop enthousiaste. Pierre avait l’air gêné, mais il n’avait rien dit.

« Tu ne vois pas comment elle te regarde ? » insistai-je, ma voix trahissant mon anxiété.

Pierre haussa les épaules. « Peut-être qu’elle est juste amicale. Tu sais que je n’ai d’yeux que pour toi. »

Je voulais le croire, mais une partie de moi restait méfiante. J’avais grandi dans une famille où la confiance était souvent mise à l’épreuve par des secrets et des mensonges. Mon père avait trompé ma mère pendant des années avant qu’elle ne découvre la vérité.

Les jours passaient et mon malaise grandissait. Un matin, alors que je préparais le petit-déjeuner, Élodie entra dans la cuisine, un sourire radieux sur le visage.

« Bonjour Marie ! J’espère que vous avez bien dormi ? »

Je lui rendis son sourire, bien que le mien fût forcé. « Oui, merci Élodie. Les enfants sont prêts pour l’école ? »

Elle hocha la tête, ses yeux pétillants d’une joie sincère. « Oui, ils sont impatients de partir ! »

Je la regardai s’éloigner avec les enfants, mon cœur lourd d’un poids que je ne pouvais expliquer.

Ce soir-là, après avoir couché les enfants, je confrontai Pierre à nouveau. « Je pense vraiment qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec Élodie. Peut-être devrions-nous chercher quelqu’un d’autre ? »

Pierre soupira profondément, passant une main dans ses cheveux bruns. « Marie, nous avons déjà du mal à trouver quelqu’un de bien. Et si tu te trompais ? Si c’était juste ton imagination ? »

Je savais qu’il avait raison sur un point : trouver une bonne nounou n’était pas facile. Mais pouvais-je ignorer cette intuition qui me hurlait que quelque chose n’allait pas ?

Un dimanche après-midi, alors que nous étions tous au parc, je remarquai Élodie assise sur un banc, observant Pierre jouer avec les enfants. Son regard était intense, presque possessif.

Je m’approchai d’elle, déterminée à comprendre ce qui se passait. « Élodie, puis-je vous parler un instant ? »

Elle leva les yeux vers moi, surprise mais souriante. « Bien sûr, Marie. Que se passe-t-il ? »

Je pris une profonde inspiration. « Je voulais juste m’assurer que tout va bien pour vous ici. Vous semblez très proche de Pierre… »

Elle rougit légèrement mais garda son sourire. « Oh, je suis désolée si j’ai donné cette impression. Je suis juste très reconnaissante de travailler pour une famille aussi merveilleuse que la vôtre. »

Ses mots semblaient sincères, mais je ne pouvais m’empêcher de douter.

Le lendemain matin, alors que je partais pour le travail, je surpris une conversation entre Élodie et Pierre dans le couloir.

« Vous avez vraiment un don avec les enfants », disait Pierre en souriant.

Élodie rit doucement. « Merci, Pierre. C’est un plaisir de travailler ici. »

Je me raclai la gorge pour signaler ma présence et ils se tournèrent vers moi.

« Ah, Marie ! » s’exclama Élodie avec enthousiasme.

Je souris poliment avant de quitter la maison, mais mon esprit était en ébullition.

Ce soir-là, je pris une décision difficile. Après avoir couché les enfants, j’attendis que Pierre soit seul dans le salon.

« Pierre », dis-je doucement mais fermement. « Je pense vraiment qu’il est temps de laisser partir Élodie. »

Il me regarda avec surprise et un peu de tristesse dans les yeux. « Es-tu sûre ? »

Je hochai la tête, sentant mes yeux se remplir de larmes non versées. « Oui, je suis sûre. Je dois suivre mon instinct cette fois-ci. »

Pierre soupira mais acquiesça finalement. « D’accord, Marie. Si c’est ce que tu ressens vraiment… »

Le lendemain matin, nous informâmes Élodie de notre décision. Elle sembla déçue mais compréhensive.

Alors qu’elle quittait notre maison pour la dernière fois, je ne pouvais m’empêcher de me demander si j’avais fait le bon choix.

Est-ce que j’avais laissé mes insécurités prendre le dessus sur la réalité ? Ou avais-je simplement protégé ma famille d’une menace invisible ? Peut-être ne le saurais-je jamais vraiment.