L’arrivée des jumeaux : un bonheur assombri par le mystère

Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Le ciel était d’un gris menaçant, et les éclairs zébraient l’horizon. J’étais assise dans la salle d’attente de l’hôpital, le cœur battant à tout rompre. « Madame Dupont, c’est à vous, » annonça l’infirmière d’une voix douce mais ferme. Je me levai, les jambes tremblantes, et suivis son pas rapide jusqu’à la salle d’accouchement.

À 36 ans, j’avais pris la décision de devenir mère célibataire. Je n’avais jamais ressenti le besoin de me conformer aux attentes de la société. « Si je rencontre quelqu’un, tant mieux, » avais-je souvent dit à mes amis, « mais je ne vais pas attendre indéfiniment. » Et voilà que ce jour était enfin arrivé. Mais ce que je ne savais pas encore, c’est que la naissance de mes enfants allait bouleverser ma vie bien au-delà de mes espérances.

Les cris perçants de mes jumeaux résonnaient dans la pièce, remplissant mon cœur d’une joie indescriptible. Antoine et Émilie, mes deux petits miracles. Je les tenais dans mes bras, émerveillée par leur existence. Mais à cet instant précis, une ombre semblait s’étendre sur notre bonheur.

Quelques semaines après notre retour à la maison, j’ai commencé à remarquer des choses étranges. Des objets déplacés, des bruits inexplicables en pleine nuit. Au début, j’ai mis cela sur le compte de la fatigue et du stress post-accouchement. Mais un soir, alors que je berçais Émilie pour l’endormir, j’ai aperçu une silhouette à travers la fenêtre du salon.

« Qui est là ? » ai-je crié, mon cœur battant la chamade. La silhouette disparut dans l’obscurité sans un bruit. J’ai verrouillé toutes les portes et fenêtres, terrifiée à l’idée que quelqu’un puisse s’introduire chez nous.

Le lendemain, j’en ai parlé à ma meilleure amie, Claire. « Tu es sûre que ce n’était pas ton imagination ? » m’a-t-elle demandé, sceptique. « Je sais ce que j’ai vu, » ai-je répondu avec détermination. Claire a proposé de venir passer quelques nuits chez moi pour me rassurer.

Les jours passaient et l’inquiétude ne me quittait pas. Chaque bruit suspect me faisait sursauter. J’avais l’impression d’être épiée en permanence. Un soir, alors que Claire et moi discutions dans le salon, nous avons entendu un bruit sourd venant du jardin.

« Tu as entendu ça ? » murmura Claire, les yeux écarquillés. Nous nous sommes approchées prudemment de la fenêtre et avons aperçu une ombre se faufiler derrière les arbres.

« Il faut appeler la police, » dit-elle d’une voix tremblante. J’ai saisi mon téléphone et composé le numéro d’urgence. Quelques minutes plus tard, deux agents étaient sur place, inspectant les alentours sans rien trouver de suspect.

Les semaines suivantes furent marquées par une tension constante. Je ne pouvais m’empêcher de penser que quelqu’un nous observait, attendant le moment propice pour frapper.

Un matin, en ouvrant la porte pour récupérer le journal, je découvris une lettre glissée sous le paillasson. Elle était écrite à la main, avec une encre noire qui semblait avoir été tracée avec soin : « Je veille sur vous. » Mon sang se glaça instantanément.

J’ai montré la lettre à Claire et aux policiers qui continuaient leur enquête. « C’est peut-être quelqu’un qui vous connaît, » suggéra l’un des agents. Mais qui aurait intérêt à me faire peur ainsi ?

Les jours passaient et je devenais de plus en plus paranoïaque. Chaque visage croisé dans la rue devenait suspect à mes yeux. Je ne pouvais plus vivre ainsi, dans cette angoisse permanente.

Un soir, alors que je mettais Antoine et Émilie au lit, j’ai entendu un léger grattement à la porte d’entrée. Mon cœur s’arrêta net. Je pris une grande inspiration et m’approchai lentement de la porte.

« Qui est là ? » demandai-je d’une voix tremblante.

« C’est moi, » répondit une voix familière.

J’ouvris la porte pour découvrir mon frère aîné, Marc, debout sur le seuil avec un air coupable.

« Marc ? Que fais-tu ici ? »

Il baissa les yeux avant de murmurer : « Je suis désolé… Je voulais juste m’assurer que tu allais bien. » Il m’expliqua qu’il avait été inquiet pour moi depuis que j’avais décidé de devenir mère célibataire et qu’il avait voulu veiller sur nous sans se faire remarquer.

« Tu aurais dû me le dire ! » m’exclamai-je, partagée entre la colère et le soulagement.

Marc s’excusa encore et promit de ne plus jamais agir ainsi sans m’en parler. Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine gratitude envers lui pour avoir voulu protéger ma famille.

Aujourd’hui, je regarde Antoine et Émilie jouer dans le jardin sous le regard bienveillant de leur oncle. La peur a disparu, remplacée par un sentiment de sécurité retrouvé.

Mais je me demande : pourquoi faut-il parfois frôler l’angoisse pour réaliser combien nous tenons aux nôtres ? Et vous, jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?